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Une brève introduction à l'innovation ouverte

Une brève introduction à l'innovation ouverte

Murat Peksavaş – Consultant principal en gestion de l'innovation

L'innovation ouverte consiste à concevoir l'innovation d'entreprise en partenariat avec le monde extérieur : startups, universités, fournisseurs, voire clients. Au lieu de tout développer en interne, les entreprises s'appuient sur la collaboration avec des startups et les partenariats externes pour accélérer l'innovation, réduire les risques et accéder aux nouvelles technologies. Ce guide explique ce qu'est l'innovation ouverte, son importance sur les marchés actuels et comment les dirigeants peuvent concevoir une stratégie d'innovation ouverte simple et pragmatique, impliquant la R&D, les RH, l'informatique, le juridique, les achats et le marketing, sans créer de lourdeur administrative.

Qu’est-ce que l’open innovation et comment est-elle apparue ?


L’open innovation consiste à intégrer de manière systématique des idées, des technologies et des partenaires externes dans votre processus d’innovation. Au XXᵉ siècle, la plupart des entreprises suivaient un modèle « fermé » : les laboratoires R&D, les brevets et les projets secrets internes étaient considérés comme les seules vraies sources d’avantage concurrentiel. Les acteurs externes étaient vus principalement comme des concurrents ou des fournisseurs, pas comme des co-créateurs. À partir des années 2000, toutefois, la numérisation rapide, la concurrence mondiale et l’explosion des écosystèmes de startups ont rendu ce modèle moins réaliste. Des chercheurs comme Henry Chesbrough ont popularisé le terme d’« open innovation » pour décrire les entreprises qui apprennent de leur environnement et collaborent avec lui plutôt que de s’en protéger. Aujourd’hui, presque toutes les entreprises pratiquent déjà une forme d’open innovation – en utilisant des logiciels, des données et des expertises externes – mais seule une minorité le fait de manière intentionnelle, avec une stratégie et une gouvernance claires.


Pourquoi les entreprises ont-elles besoin d’open innovation aujourd’hui ?


Les entreprises ont besoin d’open innovation car aucune organisation ne peut, seule, suivre la vitesse et la complexité des changements. Les cycles de vie des produits sont plus courts, les clients attendent des améliorations continues, et des technologies comme l’IA, les matériaux avancés ou les énergies propres évoluent trop vite pour être développées entièrement en interne. Dans de nombreux secteurs, la valeur vient désormais de la combinaison de matériels, de logiciels et de services dans des modèles économiques flexibles. Cela suppose des partenariats avec des startups spécialisées, des laboratoires de recherche et des fournisseurs technologiques. L’open innovation aide les entreprises à accéder plus rapidement à des solutions de pointe, à entrer sur de nouveaux marchés et à partager le risque sur des paris incertains. Elle accroît aussi l’apprentissage : en menant des pilotes avec des startups ou des clients, les entreprises obtiennent des retours concrets plus tôt, au lieu de découvrir les problèmes après un cycle complet de développement interne. En ce sens, l’open innovation ne concerne pas seulement les coûts ou la rapidité ; c’est un moyen d’élargir systématiquement l’intelligence de l’organisation et sa capacité à percevoir les opportunités futures.


Comment les dirigeants peuvent-ils concevoir un système simple d’open innovation ?


Un système d’open innovation efficace commence par le focus et le processus, pas par les événements. D’abord, les dirigeants doivent définir 2–3 thèmes stratégiques où la collaboration externe est vraiment critique : par exemple la durabilité, la digitalisation industrielle ou les nouvelles expériences clients. Ensuite, il faut un entonnoir clair : repérage de startups pertinentes, sélection des plus prometteuses, réalisation de petites preuves de concept, puis décision de passage à l’échelle, d’investissement ou d’arrêt. Chaque étape doit avoir des critères simples, un décisionnaire identifié et un délai indicatif. Troisièmement, l’entreprise doit allouer un budget, même modeste mais visible, pour les pilotes ; sans fonds dédiés, les projets restent au stade de la « bonne idée ». Enfin, la communication est essentielle : expliquer en interne pourquoi l’entreprise travaille avec des startups, ce que signifie la réussite et comment les collaborateurs peuvent proposer des opportunités. Un comité de gouvernance léger peut examiner régulièrement les projets, lever les blocages et s’assurer que les pilotes créateurs d’impact ne se perdent pas dans le système.


Quelles fonctions de l’entreprise jouent un rôle clé dans l’open innovation ?


L’open innovation fonctionne mieux lorsque les responsabilités sont partagées. La R&D apporte l’expertise technique et évalue si la solution d’une startup est réalisable et industrialisable. Les RH soutiennent la culture et les compétences en formant les collaborateurs aux méthodes d’innovation et en utilisant hackathons ou challenges comme viviers de talents. L’IT veille à ce que les plateformes numériques, la sécurité et les enjeux d’intégration soient traités tôt, afin que les pilotes puissent se connecter aux systèmes cœur. Le juridique conçoit des contrats simples et reproductibles qui protègent la propriété intellectuelle sans bloquer l’expérimentation. Les achats adaptent leurs processus aux jeunes entreprises qui ne rentrent pas toujours dans les critères fournisseurs classiques mais apportent une forte valeur stratégique. Le marketing et les équipes en contact avec les clients aident à tester les solutions auprès d’utilisateurs réels et à transformer les pilotes réussis en histoires convaincantes pour le marché. Plutôt que de demander « Qui possède l’open innovation ? », les dirigeants devraient se demander : « Comment chaque fonction contribue-t-elle, avec quels KPIs et selon quelles règles partagées ? »


Points clés à retenir

  • L’open innovation consiste à collaborer avec des partenaires externes – en particulier des startups – comme composante centrale de l’innovation d’entreprise, et non comme activité périphérique.
  • Les principaux moteurs sont la complexité, la vitesse et la concurrence mondiale : aucune entreprise ne peut maîtriser seule toutes les technologies et tous les marchés.
  • Un système simple avec des thèmes clairs, un entonnoir de pilotes et un budget dédié est plus efficace qu’une suite d’événements dispersés et de projets ponctuels.
  • La R&D, les RH, l’IT, le juridique, les achats et le marketing ont chacun un rôle spécifique à jouer et devraient avoir des objectifs explicites en matière d’open innovation.
  • La communication et le storytelling autour des collaborations réussies attirent de meilleurs partenaires et entretiennent l’engagement interne dans la durée.

FAQ


L’open innovation est-elle réservée aux secteurs de haute technologie ?
Non. L’open innovation est pertinente dans tout secteur où les nouveaux produits, services ou processus comptent – de l’industrie manufacturière et la logistique à la banque, au retail ou à l’agriculture.


L’open innovation implique-t-elle toujours d’investir dans des startups ?
Pas nécessairement. De nombreuses collaborations commencent par de simples pilotes, des projets de co-développement ou des relations fournisseurs. L’investissement n’est qu’un outil parmi d’autres.


L’open innovation est-elle risquée pour la propriété intellectuelle ?
Il existe des risques, mais ils peuvent être gérés grâce à des cadres juridiques clairs, une divulgation progressive des informations et des contrats bien conçus qui définissent la propriété de la PI dès le départ.


Références


  • Henry Chesbrough, Open Innovation: The New Imperative for Creating and Profiting from Technology, Harvard Business School Press.
  • OCDE — Rapports sur la politique scientifique, technologique et d’innovation.
  • Commission européenne — Publications sur la collaboration entreprises–startups et les écosystèmes d’innovation.
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